SE SITUER
LUCAS LOIGEROT
L’art comme on le conçoit aujourd’hui avec sa dynamique de marché, rencontre certaines limites face à la crise écosystémique à venir. Cette crise mondialisée n’est pas brutale, mais s’inscrit plus dans un long processus d’enchevêtrement d’actions et de leurs effets. Le système de monstration global du monde de l’art implique lui-même une certaine déconnexion face à ces enjeux. Je pense ici aux foires d’art contemporain comme la Art of Change 21, qui se veut durable ou la Art Basel. Les deux font transiter en avion des œuvres des quatre coins du globe, il en va de même des galeries a renommé mondiale comme Thaddeus Ropac ou Perrotin. Aucun de ces acteurs du monde de l’art, si il continue sur le même mode de curation ne peut à mon sens répondre correctement à ces questions.

Aussi, ce même art est toujours pensé, conçu pour une certaine classe bourgeoise, instruite et opprimante qui le consomme comme un loisir, voir même un investissement défiscalisé. Alors même que les classes les plus opprimées sont réduite à ne jamais y avoir accès, et ce, ce qui est encore plus terrible et pervers, par des effets d’auto exclusions. Il me semble que c’est Bourdieu qui disait dans L’amour de l’art, que les musées sont des espaces où la classe dominante se rends pour sentir la non-présence de l’autre et ainsi renforcer l’identité, la fierté de classe.

J’aimerais explorer la possibilité de penser un art local, basé sur la coopération des acteurs d’un territoire, notamment le 93, voir Aubervilliers, la ville que j’habite. Peut-être est-il l’heure de laisser l’art des white cube à l'autre ? (est-ce une bonne idée ?) Et de réinventer un art d’entre-soi, d’entre nous qui prendrait soin des uns et des autres ? Qui prendrait soin de la terre ? Un art créateur de liens sociaux. Une manière de soigner le tissu social qui s’amoindrit, un art de la régénération. Une forme qui viserait une résilience nouvelle.

Utilisation du végétal.
Utilisation du social.
Croisement des existences du vivant.

Pour mon projet de recherche création, j’imagine expérimenté avec des publics d’Aubervilliers. La forme que cela prendra est encore plurielle, mais je pense à des workshops autour des notions de végétal urbains, la nature qui se rapproprie ses espaces, pour créer un dialogue avec la manière dont les gens peuvent se rapproprier leurs espaces, culturellement comme géographiquement. Peut-être aussi intégrer le jardinage, histoire de se réappris nos moyens de subsidence, et créer du commun (les jardins d’Aubervilliers ?).
Ce moment de partage pourra donner lieu à des entretiens avec les participants, des captations vidéo ce qui je l’espère donnera naissance à une expérimentation vidéo, voir une installation.

Maintenant, je me demande si ces protocoles de créations ne sont pas aussi une manière de s’approprier le travail des autres ? Ou au moins, de se servir de ça pour se glorifier soi-même. Quelle est la place de l’artiste ici ? Quelle position dois-je prendre ? Réfléchir à la notion de propriété, autant individuelle qu’intellectuelle, paraît être nécessaire.
PISTE DE SUJET DE MÉMOIRE
Survivre à la catastrophe, un désir de régénération
Emo Banquet, Morgane Ortin & Collectif gufo gufo gufo 2023
Experimental Quesadilla Lab, Teresa Flores, 2013-2018
Mobile Mural Project, Teresa Flores 2014-2015
Seed bomb, Green Guerrilla, Community form and garden, Liz Christy, 1973-1985

Ugo Schiavi
Michel Blazy
Mohamed Bourouissa
Hugo Servanin
PISTE DE CORPUS
DE LAGASNERIE Geoffroy, L’art impossible, Presses universitaires de France, Paris, 2020.

BOURDIEU Pierre, DARBEL Alain, SCHNAPPER Dominique, L’amour de l'art : Les musées d'art européens et leur public, Ed. de Minuit, Paris, 1985.

TSING Anna Lowenhaupt, Le champignon de la fin du monde : sur la possibilité de vivre dans les
ruines du capitalisme, La Découverte, Paris, trad. Pignarre Philippe, 2017.

TSING Anna Lowenhaupt, Proliférations, Wildproject, Marseille, trad. Schaffner Marin, 2022.

CHAGON Johanne, NEUMARK Devora, LACHAPELLE Louise, Célébrer la collaboration art communautaire et art activiste humaniste au Québec et ailleurs, Engrenage noir, Montréal, 2011

HARAWAY Donna Jeanne, Vivre avec le trouble, Les éditions des mondes à faire, Vaulx-en-Velin, trad. García Vivien, 2020.
BIBLIOGRAPHIE
pdf
pdf